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<HORS L’ÉCRAN

Dmitriy Eremeev “ONSA”


OOZIN’4 · JUIN 2021 
Considères-tu ta pratique artistique comme un vrai travail ?

Je pense qu’il s’agît plus d’un style de vie. C’est quelque-chose qui m’aide à sortir de la routine et des problèmes, où je peux m’exprimer pleinement et équilibrer ma santé mentale, je pense. En plus de tout ça, l’art ne me rapporte pas d’argent, ou alors très peu, et je ne trouve plus tellement de temps en ce moment pour y travailler. Misent bout à bout, ces choses me font dire que « vrai travail » n’est pas la bonne formulation pour nommer ma pratique artistique. J’espère que ça changera bientôt.

Donc, pour toi, l’art est d’une part un outil pour réguler la pression sociale, comme une soupape ou un exutoire, et d’autre part le métier de tes rêves ?

Oui, c’est ça en quelque sorte.

Mental Cubes V.1, rendu 3D ©Onsa - Dmitriy Eremeev

Dans la définition que tu en donnes, la notion de « travail » semble avoir deux niveaux de lecture : l’argent et le temps. La pratique artistique doit-elle forcément comporter une dimension lucrative ?

Non, pas toujours. Dans certaines situations, ça n’a pas à l’être du tout. Je ne fais pas ça pour l’argent à la base, je n’essaie pas de rendre mes travaux populaires de façon à pouvoir obtenir des abonné•es sur les réseaux sociaux et d’en tirer profit.

Avant tout, ton art doit être honnête. Je pense sincèrement que c’est la principale chose qui permet d’accéder à une certaine joie dans l’acte de création.

Après, vivre dans un système capitaliste fait qu’on ne peut tout simplement pas ignorer l’argent. Monétiser son art est la seule façon d’en vivre. Mais les opportunités de gagner de l’argent ne doivent pas nous faire oublier notre intégrité et doivent être les conséquences d’une approche honnête dans la pratique artistique.

Dans ce contexte, comment décrire la notion du temps ?

Quand je suis concentré, le temps passe très vite, c’est certain. Mais, le plus souvent, je n’ai pas assez de temps pour me concentrer suffisamment, ou alors je n’ai pas les ressources nécessaires. Peu importe les situations, je manque de temps.

Est-ce que tu veux dire qu’en général l’art est une activité chronophage ? Ou que la société raréfie le temps à tel point que l’art ne peut pas être une priorité ?

Cela dépend du but que l’on cherche à atteindre.

Tu peux décider de créer quelque-chose juste parce que tu aimes passer du temps de cette façon, appelons ça un hobby. Ou bien tu réalises que ce n’est pas d’un hobby dont il est question mais bien d’une partie de toi. A partir de là, aucune de tes passions ni aucun de tes rêves ne pourra être qualifié de chronophage. Dans mon cas, je n’ai pas assez de temps à accorder à ma pratique artistique parce que j’ai un autre travail. Travail que j’aime beaucoup d’ailleurs, mais ne pas être en mesure de faire de l’art m’ennuie profondément.

Je pense que l’art n’est pas juste une activité divertissante pour moi.

Quel genre d'activité l'art représente-t-il donc ?

C'est un reflet.

J’essaie toujours de refléter ce qui est autour de moi. Les gens, leurs émotions, les voitures, le bruit des moteurs, la souffrance, la joie, les bons et les mauvais jours. Tout ça se distord dans mes pensées… C’est vraiment difficile à décrire en fait, haha.

Tes travaux ne semblent pas être totalement digitaux, comme s’il y avait toujours une trace analogique ou une empreinte humaine dessus. Est-ce que cette esthétique particulière rend la modélisation 3D meilleure en ce qu’elle peut représenter de la société ou de ton espace mental ?

A chaque fois que je travaille sur un nouveau projet, je rentre en conflit avec toi. Je cherche à envahir le résultat, à fausser le rendu 3D en y apportant quelque-chose de destructeur. Quelque-chose qui ne semble pas en faire partie.

L’influence des technologies numériques sur les gens et sur la société a toujours été au cœur de mon travail, c’est pour ça que je me considère comme un artiste numérique, ce médium me va parfaitement, je le trouve confortable. J’ai toujours voulu ajouter des imperfections dans mes créations, j’aime ce côté grotesque. Peut-être que l’empreinte humaine est un défaut dans la modélisation 3D.

Je pense qu’il y’a quelque chose de profond derrière tout ça, parce que pour moi l’art est une sorte de sublimation, je cherche un style qui me soit propre, à donner à voir une vision personnelle. A l’avenir, tout peut changer, car j’évolue.


Friday, rendu 3D ©Onsa - Dmitriy Eremeev

D’où vient cette dualité entre ton processus de création et les technologies numériques ?

Dans les champs de la 3D, il y’a une tendance - on peut même parler d’un objectif absolu – qui est de reproduire le plus fidèlement possible et avec le maximum de similarité le monde tel qu’il est dans la réalité. Dans un certain sens, cet objectif a déjà été atteint. Des images de personnages humains ont été modélisé à la perfection – si on peut considérer le réalisme comme une perfection. Néanmoins, on voit peu à peu apparaître une autre tendance qui vise à mélanger cette pseudo-réalité avec un aspect visuel numériques évident. Une sorte de surréalisme. Personnellement, mon travail s’oriente vers cette deuxième catégorie de production et je pense que c’est de là que vient la dualité dont tu parles. 

Ne crois-tu pas que nous avons réussi à atteindre une forme de perfection dans la visualisation 3D avec ce que l’on appelle la réalité virtuelle ? Si l’on admet que la réalité peut être virtuelle.

Je pense que nous sommes encore très loin d’avoir atteint cet objectif. Les progrès que nous avons fait en matière de graphisme et de technologie sont incroyables, la rapidité avec laquelle se développe toute ces choses est presque choquante.

La virtualité est limitée et le sera toujours. Un avatar pourra toujours s’approcher visuellement d’une personne réelle, mais n’en deviendra jamais une. L’intelligence artificielle ne peut pas battre quelqu’un à un jeu et articuler un langage en même temps. Elle est limitée à sa tâche. Je vois une ligne séparatrice entre ces deux mondes, même si j’essaie de les faire se mélanger dans mes travaux.

Penses-tu que la virtualité et l’espace qui prend forme grâce à la modélisation 3D sont un monde parallèle à celui des humains ? 

Je vois une séparation claire entre le monde réel et la virtualité. Je veux que les personnes qui voient mon travail comprennent qu’il ne s’agît pas d’une réalité en tant que telle mais plutôt d’une sorte d’ancre visuelle raccrochant ces images surréalistes à ce qu’ils ou elles ont déjà vu ailleurs dans leur vie. Ça crée des ambiguïtés, le rendu peut sembler complétement différent comme très proche de la réalité. C’est la beauté de l’art digital et c’est pourquoi la modélisation 3D devrait être imparfaite, à l’image de l’être humain lui-même. C’est cette esthétique que je poursuis actuellement.

Que penses-tu du monde virtuel en tant qu’univers à part entière ? Ce qu’on appelle plus communément le Cyberespace.

Le cyberespace est probablement une dystopie. Si l’on présente la virtualité comme une nouvelle réalité, elle prend la forme d’un échappement à grande échelle, ce qui selon moi n’est pas un phénomène positif. Malgré cela, il est intéressant de voir à quel point ça se développe et quelle société pourrait en émerger.

Quelle influence la technologie a-t-elle sur la société selon toi ?

J’aime le progrès technologique lorsqu’il rend la vie plus facile. Mais ce développement entraîne forcément une dégradation dans certains aspects de la vie. Prenons l’exemple de la communication. Elle est devenue beaucoup plus simple sur les réseaux sociaux et dans les messageries instantanées mais, si on l’étudie d’un autre point de vue, sa qualité a considérablement baissée. Dans le monde virtuel, il est facile de tromper, de se faire passer pour quelqu’un d’autre. Les émotions sont traduites par des emojis et tout semble être un pastiche de l’humanité. Pour illustrer l’influence qu’ont les technologies du numérique sur les gens, il faut voir The Social Dilemma. Un super film, je le recommande vivement.

Comment vis-tu le fait d’être rattaché à la technologie par ta pratique artistique ou par ton autre travail ?

J’essaie de penser à ce que je fais en ligne, comment et pourquoi j’utilise les outils numériques. Dans mes travaux, je veux dresser le portrait de ce monde virtuel à la manière d’un trappeur, étudiant des empreintes, sur les traces de quelque-chose. En fait, je préfère visualiser les effets de la technologie plutôt que la technologie elle-même. Ça peut se faire de plusieurs manières, que ce soit avec une abstraction ou avec une métaphore à apparence humaine.

Quand tu parles des effets de la technologie et d’être avec elle comme un chasseur traquant sa proie, on a l’impression d’avoir perdu le contrôle de notre créature. Penses-tu que la technologie est une conséquence de l’activité humaine et de sa recherche de progrès, de confort, de dépassement de la Nature ?

(J’ai dit que j’étais comme un chasseur qui étudiais des traces, pas traquant sa proie. Je pense que faire cette distinction est important) La technologie est bien-sûr une conséquence de l’activité humaine. Il n’y a pas de notion de progrès technique sans êtres humains. On essaie toujours de rendre notre vie plus confortable, pour vivre plus longtemps, communiquer plus facilement, s’adapter. Mais tout ne se résume pas à cela. La technologie est à la fois une conséquence des activités humaines et la cause d’un bon nombre d’autres conséquences. Il n’y a pas que le progrès technique.


Monday, rendu 3D ©Onsa - Dmitriy Eremeev

Sans la technologie, serais-tu quelqu’un de différent ?

Je serai toujours qui je suis mais sans doute en meilleure santé mentalement. Peut-être que je ne serai pas artiste. C’est difficile à imaginer parce que les gens sont vraiment très connectés au progrès. Sans ce progrès, c’est une toute autre vie.

Comme je peux le constater, tu sembles très attaché au réel, au monde physique et rationnel. Peut-on en savoir plus sur ton passé ?

Je suis né à Lyubertsy et ai vécu toute ma vie à la périphérie de Moscou, plus précisément dans le district de Nekrasovka. Aux alentours, il y a des stations d’épuration qui traitent les eaux usées. Il s’en dégage une odeur mémorable tous les soirs en été.

Je n'ai aucune formation en art ou en design. J’ai suivi des cours en relations publiques, mes études ne sont pas complètes, j’en suis resté à la dernière année.

Mon enfance a été ordinaire. J’ai eu des hauts et des bas à l’école. J’ai fumé derrière des garages, fais l’école buissonnière et tout un tas d’autre chose qui sont inhérentes au fait d’être un jeune russe qui grandi en banlieue. Il ne s'est rien passé de spécial dans ma vie, j'ai traîné avec des amis, geeké. C’était l'insouciance, même si j'étais très nerveux quand j'étais enfant. Mes parents sont des gens simples, qui travaillent dur. Ils essaient de me soutenir, même si c’est compliqué pour eux de comprendre mon travail. Je les aime pour leur simplicité, parfois même pour leur naïveté.

Est-ce que l’Art est une chose que tu as appris progressivement ou est-ce que tu as toujours évolué dans un environnement créatif ?

Par rapport à ce que j’ai dit plus tôt, la réponse me semble évidente. Je n’aurai jamais pensé que j’allais faire de l’art ou du design. La première fois, c’était en 2014, quand j’ai ouvert Photoshop et que j’ai commencé à m’intéresser à l’art visuel. Quatre ans plus tard, j’ai réalisé que j’étais un artiste. Aujourd’hui, j’ai parfois le sentiment que, du fait de mon manque de prérequis, je ne pourrai pas être artiste. L’environnement et les conditions dans lesquelles j’ai grandi n’étaient pas propices à la création artistique. D’un autre côté, ce fut un terreau idéal pour développer mon univers. Je peux en tirer une certaine esthétique et ça rend mon travail authentique.

Quelle est la situation des artistes en Russie aujourd’hui ?

Pour être honnête, c’est difficile pour moi d’évaluer la scène artistique russe. Il y a bien sûr tout un tas de communauté, un nombre assez conséquent d’espaces d’exposition. Tout ça à l’air d’évoluer de façon organique. Nous avons de grands musées et de grands artistes.

La plupart des artistes russes ont un bagage chargé de mélancolie derrière eux, ce qui est une excellente base pour la créativité. J’apprécie les artistes qui arrivent à transmettre cet héritage.

Pour ce qui est de la situation dans le domaine de l’art numérique, c’est plus complexe. Ça requiert beaucoup de temps et de connaissances spécifiques. En plus, les revenus sont assez bas en Russie.

Quel rôle joue l’environnement social, et plus particulièrement les réseaux sociaux, dans ta vie d’artiste ? 

En tant qu’artiste des médias numériques, les réseaux sociaux et la communication sont une partie intégrante de mon processus créatif. Si les réseaux sociaux n’existaient pas, cette interview n’aurait probablement jamais eu lieu. Il serait beaucoup plus difficile pour moi de partager ce que je fais avec les gens et de susciter leur intérêt.

En dépit du fait que j’essaie de m’exporter des écrans, de progresser et de faire des expositions en galerie, je ne dévalue pas l’importance et l’utilité d’Internet pour ce qui est de communiquer. Tout se développe très vite : Expositions virtuelles, crypto-art, festivals numériques. Tout est accessible en deux clics. J’espère que le futur sera prometteur.

Sur les réseaux sociaux, tu utilises souvent l’écrit pour introduire ou accompagner tes travaux, en annotant les visuels ou en donnant ton point de vue sur certaines choses. Est-ce que ces descriptions sont des indices pour interpréter tes œuvres ?

Oui, j’annote souvent mes travaux de l’idée qui sous-tend leur création. Il m’arrive aussi d’écrire des pensées provenant d’une interprétation personnelle.

Mais je n’utilise pas le texte uniquement comme un accompagnement. C’est une autre dimension de mon travail. Il y a quelque-chose de conceptuel là derrière, ça ajoute une couche de lecture qui complexifie ou parfois simplifie l’interprétation. En plus de ça, le texte lui-même est un élément visuel qui imprègne mon travail et en dépeint les caractéristiques culturelles. Par exemple, en utilisant l'alphabet cyrillique, j’ajoute une couche d’interprétation. Une personne qui ne connaît pas le russe peut ne pas comprendre ce qui est écrit. Dans ce cas, le texte fonctionne comme un code culturel, une sorte de message codé qui porte une idée cachée. Ça permet de jouer avec les spectateur·ices.

Ce jeu que tu cherches à créer avec le public est-il une conséquence du regard que les autres portes sur toi ? Où est-ce que tu te situes par rapport à ça ?

Je suis absolument neutre à ce sujet. Je ne cherche pas à convaincre une audience de ma vision ou quoique ce soit. En revanche, j’essaie de rendre mon travail aussi ouvert que possible, de façon à ce que les spectateurices puissent avoir le choix. Mon travail d’artiste consiste simplement à exprimer une esthétique, à visualiser une idée. C’est un terreau propice à la réflexion. Je pense que c’est là la beauté de l’art – la liberté de perception.

Comment procèdes-tu pour exprimer cette esthétique ? 
Suis-tu une routine ou des habitudes qui te permettent de créer dans de bonnes conditions ?

Je me sens au maximum de ma productivité lorsque je suis seul et dans une atmosphère calme. Dans un café en écoutant de la musique, par exemple.

J’ai quelques problèmes de concentration. Peut-être parce que j’écoute toujours de la musique en travaillant d’ailleurs (lol). Ça reste assez difficile pour moi de m’asseoir et de chercher des idées pour commencer un nouveau travail. Le plus souvent, mes idées naissent d’une accumulation de formes, de croquis, puis, une fois que j’ai trouvé le confort pour travailler, je commence à moudre mon grain.

La musique m’aide à m’y mettre, vraiment. Parfois, une idée découle directement de l’écoute d’un album. Je lis aussi pas mal de textes à propos de l’art, je visite des expositions, … en fait j’essaie de m’immerger totalement dans un contexte artistique.

Quelles conséquences la pandémie de COVID-19 a-t-elle eu sur ta vie d’artiste ?

Au début, je me suis senti impuissant. Je venais de perdre mon travail à cause de la crise sanitaire et je me disais que si des moments difficiles étaient à venir, si nous étions confinés etc.., alors je pourrai me concentrer sur ma pratique artistique.

Mais il s'avère que la vie sociale est un pilier pour la santé psychologique. Ne pas pouvoir voir mes amis, marcher, travailler, faire quoi que ce soit en fait, a été très traumatisant. Je m'y suis finalement habitué et j'ai trouvé la force d'exprimer mon expérience d'isolement et mes pensées sur l'avenir à travers l’art. Donc je dirai que c’était un peu comme des montagnes russes.

Ça a soulevé des questionnements que tu n’avais pas avant ?

Je pense que la principale question que cette crise a soulevée concerne la numérisation globale de la société. À quel point la pandémie a-t-elle impacté le monde digital et quel futur nous attend à cet égard ?

Des projets pour le futur ?

Rien de concret. Pour l’instant, j’essaie d’apprendre et de développer mes compétences. J’aimerai créer quelque-chose de grand à l’avenir. Hors de mon écran.


In a confined space, rendu 3D ©Onsa - Dmitriy Eremeev





<OUT OF SCREEN

Dmitriy Eremeev “ONSA”


OOZIN’4 · JUNE 2021 
Do you consider your artistic practices as real work?

I think for me artistic practice is more like life style. Its something that helps me to take my mind off routine, problems, where i can express myself and balance my mental health, i think. On top of that I barely get any money from it and now barely can find time to do my art so it seems like a bad work if we call it “real work” :) But i hope it will change soon.

So, for you, artistic practices are both a tool to regulate social pressure like an outlet or a valve, and a work in which you believe to be your dream job ?

Yes, kind of it is. As you define it, the notion of “work” seems to have two reading direction : Money and Time.

Does always artistic activities has to be lucrative ?

No, not always. In particular situation it hasn’t to be lucrative at all. I don’t do it for money in the first place, I don’t try to do something popular that can bring me subscribers and profit. First of all your artwork must be honest. This is the main thing that brings me joy when i create something. Honesty. Of course living in capitalism you almost can’t ignore money and don’t try to monetize your art if you want to do it for the living. But opportunity to get money from your art should be consequence of honest approach to your art.

How can you describe time when it is linked with your creations ? ( like, for example, how do you feel time passing when working etc.. )

When I really focused time flies so quick of course. But often i don’t have enough time to be focused or don’t have any else resources to create something. Anyway i always don’t have enough time.

Do you mean that in general art is a very time consuming practice ? Or that society make time difficult to get, so art can not be your priority ?

It depends on what goal are you pursuing.

You can create something just because you like to spend time like that. Lets say hobby. Or you realize that its not a hobby no more and you’re doing it because it’s like part of you.

Basically any passion or dream that you have will be very time consuming.

In my particular situation I don’t have enough time to do art because of work. There is nothing bad about my work but not be able to do art is bothering me. Because I think art is not just hobby for me no more.

What kind of activitie art represent for you ?

Reflection. I always try to represent the surrounding. Life around me: people, their emotions, cars, sounds of engine, pain, happiness, good day, bad day, anything.
It always reflecting with distortions. Man, it so hard to describe actually, haha.

Your artworks seems to not be fully digital, like there’s always traces of analogic or human print on it. Does this peculiar touch makes 3D modelizing a better way to represent your social and mental situation ?
Like it makes your artworks nearer than what you want represent ?

Every time I work on a new project, I come into conflict with it. I want to invade the resulting 3d aesthetic and bring something destructive to it. Something that doesn’t belong to it.
The influence of digital technologies on people and society has always been at the heart of my work, so thats why im digital artist, this medium suits me and I am comfortable in it. But in the process of working, I seem to lack humanity, I guess. I always want to add imperfections in my works and i love grotesque so much. And maybe analogic and human trace is imperfection for 3D.

I think there’s something deep behind all that, because art for me is a sublimation in the general sense, but I still searching and creating my own style and vision,  everything can change in the future because im changing.


Another day, rendu 3D ©Onsa - Dmitriy Eremeev

Where does this duality between your process of working and digital technology come from?
Do you think that virtuality (the computer universe that exists in your imagination because of 3D modeling) is a parallel world, opposed to humanity?

In the field of 3D visualization, there is a trend, you can even say some absolute goal - to achieve the maximum similarity of visualization with the real world. In some aspects, the goal has already been achieved, static images of people have been brought to perfection, if we consider realism as perfection. But gradually we see a new trend of combining this pseudo-reality and obvious digital performance. A kind of digital surrealism. I stick to the second trend. Most likely, this duality originates here. I see a clear separation between reality and virtuality, and I want the viewer to understand that what they see is not real, but has visual anchors that help to relate this pseudo-reality to what they have already seen many times.This may be an obvious difference, or it may be confusing. That’s the beauty of digital art. Even 3D should not be perfect, just like the human himself. This is the aesthetic I’m following right now.

You talk about the influence of technologies on society.What are these influences for you?

I love digital progress. it makes your life easier. But the development of digital technologies entails the degradation of other aspects of life. Communications for example.
Yes, it has become easier for people to communicate, social networks, messengers. Okay, cool. But if you look from the other side, the quality of communication decreases. In the digital world, it is easy to deceive, impersonate someone else, emotions turn into emojis and all this is just a semblance of humanity. On the topic of how digital technologies affect people, there is a wonderful film “The Social Dilemma”. I highly recommend it.

How do you experience being attached to digital technology through your art or your work in society?

Personally, I try to think about what I do online, how I use technology, and why. In my work, I want to portray it as if I am a hunter, studying tracks. And I visualize the effect of technology, not the technology itself. I do it in all sorts of ways, whether it’s an abstraction or a metaphor with a human face.

Don’t you think we achieve the 3D vizualisation goal with those new progress in what we call Immersive Virtual Reality ? Can reality only be virtual ? What do you think of Cyberspace ? Refering to the online world as a world apart, as distinct from everyday reality.

I think we so far from achieving this goal. All the progress that we see in graphics, technology, AI is amazing and its shocking how quick we got there. Yet virtuality is limited, and most likely will always be limited. A virtual avatar visually can be as similar as possible to a real person, but it will never become one. Artificial intelligence can beat a person in a computer game, but it can’t say the words. Because it is limited to its task. I see the line between these to worlds even if I try to merge it all in my arts.

For me, cyberspace is probably a dystopia. If we present virtuality as a new reality, we can consider it as an act of large-scale escapism, which is not a good phenomenon, in my opinion. Still, it is very interesting to look at all this, where it will develop and what kind of society we will come to.

When you talk about the effects of technology and being with it like a hunter stalking its prey, it feels like we all have lost control of the creature. Do you think technology is itself a consequence of human activity and its search for progress, for comfort, for going beyond Nature? Following this question, who do you think you are without technology ?

( i said im like a hunter studying tracks, not stalking its prey, I think that can be important :) )Of course its a consequence of human activity, yes. There’s no technical progress without human. And not only technical.
We always try to make our life more comfortable so we can live longer, communicate quicker, adapt easier. Technology is a consequence of human activities but technology has its own consequence too. I think without technology i am still who i am but mentally healthier. Maybe not artist. It hard to even imagine because there’s a lot of connection between the progress and people and without that progress that’s a whole another life.

As I can see, you seem to be hooked to the reality of things, to the physical and rational world. Can you tell me about your background? (studies, place of living, childhood, …)

I was born in the city named Lyubertsy and have lived all my life on the outskirts of Moscow, in the Nekrasovka district. We have sewage treatment plants that purify sewage water. The smell at summer in the evenings is memorable. I don’t have any education in art or design. I have an incomplete higher education in PR and I’m in my senior year now.

My childhood was quite ordinary. I went to school, first good, then bad, then good again. I smoked behind garages, skipped classes and did everything that is inherent in growing up as russian teenager from the outskirts. We’ll skip the details.Nothing special happened in my life, I had a great carefree time, although I was very nervous as a child. My parents are simple hard workers, they try to support me, even though they hardly understand my work. I love them for their human simplicity and sometimes even naivety.

Is Art something you learn progressively or have you always evolved in a creative environment?

Based on what I’ve said about personal life and childhood I think the answer is quite obvious. I never thought that i was going to do art or design. First time when i tried something in that area was 2014 when I first time opened Photoshop. Since then the interest to visualization started to grow and so 4 years later I truly realized that im an artist. And yet, sometimes I feel like I can’t be an artist. There were no prerequisites for this. My environment and the conditions in which I grew up no way conducive to creativity, but on the other hand, it is ideal for this. I have something to talk about, that people can relate to, something to create aesthetics out of, something to make my work authentic, because im just a regular person.

Light, rendu 3D ©Onsa - Dmitriy Eremeev

Today, what is the artist situation in Russia ?

To be honest, it is difficult for me to evaluate the art scene in Russia. Absolutely, there are many communities, not a small number of galleries, and it seems to me that everything is developing organically. We have great museums, great art spaces, and great artists. Almost every russian artist has a melancholic baggage behind him, which serves as an excellent base for creativity. I appreciate those who can convey this russianness. In digital art, things are more complicated, basically because digital art requires a lot of spending and some specific knowledge. And the salaries in Russia are let’s say small.

What role plays social environment, and especially social media that are quite new, in your life as an artist ?

For me, as an artist working in a digital medium, social media and online communication are an integral part of creative progress. If I didn’t have social media, this interview wouldn’t have happened, for example. It would be much more difficult for me to share my art with people, increase awareness, etc.

Despite the fact that I try to get beyond the screens, to gain experience in real exhibitions, I never devalue the importance and usefulness of communication via the Internet.

This is the future, to some extent. It’s all developing at a crazy speed: online exhibitions, crypto art, festivals. Everything is just a couple of clicks on the screen. I hope that the future will be bright.

You often use texts in your publications, especially on your Behance profile, to introduce your works, giving quotes or personal point of view on human things. Are those descriptions sorts of clues to interpret your works ?

Yes, I often want to accompany my work with the thought that underlies its creation, or with the thought that was born with my personal interpretation. I like to use the text component not only in the accompaniment, but also in the works themselves. There is something of conceptualism in this, it adds layers to the work, in some ways complicates or sometimes simplifies the interpretation.

Plus, the text itself is an excellent visual element that can also convey the cultural feature of the work, for example, using the cyrillic alphabet. A person who does not know russian may not understand what is written, do not understand this layer of work, but in this case, the cyrillic text works as a cultural code, as a kind of encoded message that carries a hidden idea. Playing with the audience.

Is this play you try to create with public a consequence of others looks on you and your works ?

I am absolutely neutral about any view of my work. I’m not trying to convince the viewer of something, of my vision. Instead, I try to make the works as interpretable as possible, so that the viewer decides for himself what he sees and how to perceive it. My task as an artist is to convey only my own aesthetics and show the idea. This is a ground for reflection. I think that’s the beauty of art – the freedom of perception.

How do you proceed to deliver your aesthetic ? Is there a creative routine or daily habits that allows you to create in good conditions?

I feel most productive either in complete solitude or in a relaxed atmosphere,in a cafe for example and always listen to music, always. I have a problem with concentration. Maybe because I always listen to music when I’m working (lol). Anyway, it is difficult for me to sit down in search of any foundation for a new work. Most often, my ideas are gradually formed and accumulated in some form, rough. Then, having provided myself with comfort for work, I begin to grind out something specific from this form.

Music helps me tune in, really. Sometimes, right in the process of listening to an album, an idea is born. And i read a lot about art and stuff, visit exhibitions, so I try to immerse myself in art fully.

What consequences has the pandemic had on your life as an artist?

In the beginning of the pandemic it gots me in the place where I can’t do anything. It was the time when i just lost my job because of the covid situation and i was thinking that if its hard time now, isolation and all that, then i can focus on art. But turns out that normal social life was kind of psychological support. Not be able to see my friends, to walk, to work, do anything actually, was very traumatic for me. But eventually i got used to it and find the way and strength to express my isolation experience and my thoughts about future. I expressed it through my art, of course. So it was kind of a rollercoaster.

Does this situation raise questions that you did not have before?

I think the main question that was raised because of pandemic is : how strong will the impact of the virus be on the global digitalization and what future awaits us in this regard?

Do you have projects for the future?

Nothing concrete. Now most of the time i just try to learn new and develop my skills. But in the future i want to create something big.
Out of my screen.


Mental Cubes V.2, rendu 3D ©Onsa - Dmitriy Eremeev

journal / contact

Noémi Lancelot
Marie Biaudet
Onsa
Louisa Vahdat
Benjamin Hall
Jukka Suhonen

OOZIN’ est une publication bilingue qui tend à rendre visible les réalités des travailleuses et des travailleurs de l’art. Elle est diffusée sous la forme d’un journal imprimé en risographie. 

Entretiens et conception graphique : Thomas Ducrocq {chmp}.
OOZIN’ is a bilingual magazine that tends to make art workers realities more visible/readable. It also exist in the form of a risoprinted newspaper.

Interviews and design : Thomas Ducrocq {chmp}


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